السبت، 14 أبريل 2012

Les nouvelles technologies, ce qui existe et ce qui arrive à grands pas dans les bibliothèques

Les nouvelles technologies, ce qui existe et ce qui arrive à grands pas dans les bibliothèques

Le 26 avril 2007, j’étais invité par l’association BIB77 à introduire une journée sur les nouvelles technologies. Je publie ce jour cette intervention - terre à terre - sur ce blog pour ouvrir un débat. Le premier objectif étant d’acquérir des connaissances.
Avant de commencer cette intervention, je veux remercier la BDP de Seine et Marne, l’association BIB77, et plus particulièrement Florence Couvreur-Neu de l’Astrolabe de Melun, de m’avoir donné l’occasion d’ouvrir cette journée intitulée « Les bibliothèques à l’ère du numérique ». Hasard de calendrier, je viens de quitter un poste d’assistant de conservation à la BDP de l’Essonne, l’assurance tranquille du salaire garanti pour créer une entreprise dédiée au livre et aux nouvelles technologies non par goût du risque mais pour ne pas devenir frustré à force de ne pouvoir mettre en pratique des compétences à mon niveau de hiérarchie. Je pense avoir été invité en connaissance de cause.
Nous vivons un printemps numérique en bibliothèques : les colloques dédiés aux nouvelles technologies fleurissent. C’est une vraie prise en compte par la profession d’une technologie qui renouvelle notre manière de pratiquer. Après l’informatisation des bibliothèques dans les années 80 et l’essor d’Internet fin des années 90, voilà l’ère du tout numérique en ce nouveau siècle. Je rappelle qu’en quelques années, l’industrie du disque a perdu la moitié de son chiffre d’affaire. Google numérise nos fonds. Les quotidiens perdent leurs lecteurs « papier ». Le droit d’auteur est menacé par de nouvelles pratiques.
Désormais, une grande partie du savoir est en libre accès... sans passer par la case bibliothèque. Le lecteur s’est transformé en super bibliothécaire. C’est ce que Dominique Lahary appelle la bibliothéconomisation de la société. Cette réussite deviendra-t-elle le cauchemar des bibliothécaires ?
— - projection du Cauchemar des bibliothécaires
Ce qui existe
Je ne suis pas la nouvelle Pythie des bibliothèques et je ne sais donc pas ce qu’elles deviendront demain. Au quotidien, les NTIC ont démultiplié l’offre. Depuis la fin des années 90, pour nous aider dans nos acquisitions ou pour renseigner le public, nous nous servons de multiples portails d’information, des sites collaboratifs comme Zazieweb, des catalogues des éditeurs, des informations précieuses diffusées par les festivals, à la radio en direct ou en différé sur le web.
Depuis quelques années, nous utilisons également gratuitement de nombreux outils de gestion de l’information. Les agrégateurs de flux rss permettent de gérer et trier des flux importants de documents multimédias : JUICE7, netvibes, podemus. Les blogs, les wikis, les CMS permettent de mutualiser le savoir et valorisent le savoir faire de la profession. Moccam donne la possibilité de se passer d’Electre et de récupérer des notices très facilement sur la BNF et dans un premier temps sur Amazon. Mais attention ! Le logiciel libre ne doit pas être vu comme seul facteur d’économie par les décideurs. Il est nécessaire de participer au développement même de ces nouveaux outils ... donc d’y investir du temps professionnel.
Ce qui arrive
La relation lecteur / bibliothécaire est à reconstruire
Un médiateur doit avoir une bonne connaissance de la production éditoriale. C’est une référence pour le public. Tout bibliothécaire a subi un jour une petite humiliation en public : ah vous ne connaissez pas cet auteur ! Aujourd’hui, le lecteur catalogue, indexe, échange de l’information. Ex L’agora des livres. Dans le domaine qui l’intéresse, il a une connaissance souvent supérieure à celle du professionnel. La relation lecteur / bibliothécaire est à reconstruire. Elle passe nécessairement par une meilleure prise en compte du savoir du lecteur en l’intégrant en amont dans nos commandes. Nos catalogues sont souvent pauvres et guère attractifs. Il conviendrait de croiser les notices unimarc récupérées via Moccam et des commentaires de lecteur publiés par exemple sur un site comme Zazieweb.
La relation décideurs/personnel doit évoluer
La relation bibliothécaire / public a changé. Le management en bibliothèque doit aussi changer. Le réseau ne s’accommode pas toujours d’une administration très rigide.
Les métiers cousins de bibliothécaires, journalistes et éditeurs vont se rapprocher
Je suis persuadé que les métiers de bibliothécaires, journalistes et éditeurs vont se rapprocher sinon fusionner quelquefois. Au lieu d’apprendre à cataloguer, il serait bien que les établissements habilités dispensent aujourd’hui plus de temps à la maîtrise des langages et des outils de publication : coder du xml, construire et interroger des bases sql, monter des vidéos... voire apprendre à rédiger une notice critique.
Le bibliothécaire va devenir un mini réseau
Introverti, le bibliothécaire s’est caché successivement derrière le catalogage, la gestion des collections, les statistiques et à présent les rapports aux élus. Il n’y a pas de médiation sans contact. Bibliothécaire, c’est un mini réseau... connecté au grand réseau grâce au blog, au wiki et surtout à l’investissement culturel de chacun d’entre nous.
La numérisation risque d’emporter une partie du métier de la lecture publique.
L’encre électronique sur feuille souple avec un processeur souple est très attendue. Néanmoins, on peut affirmer que l’imprimé datant de plus de 500 ans, et le livre de plusieurs milliers d’années, ce support sympathique ne disparaîtra pas comme le CD. Le livre est un bel objet, et non une galette toujours identique.
Par contre, il ne faut pas sous estimer les intérêts de grosses sociétés comme Google et le couple chéri de notre société : individualisme et libéralisme. L’impression et la diffusion représentent 2/3 du prix d’un livre. Les éditeurs pourraient être à terme tentés. Pour vous éclairer, je vous encourage à contacter Bruno Rives de la société Tebaldo qui effectue un travail remarquable de prospectives dans le domaine.
Retour à des petites structures
La construction de grosses médiathèques n’est sans doute plus à l’ordre du jour. Nous avons moins besoin de grandes surfaces pour stocker. C’est une nouvelle ère des petites structures, des lieux conviviaux...où les collections priment moins que le public.
Et le Militantisme demeure
Tout ce qui est nouveau n’est pas forcément mieux. Il convient de garder un esprit critique. Dans une vidéo publiée avant le congrès de l’ABF, j’alertais sur la RFID qui est aussi une menace contre les libertés individuelles ; et je faisais crier à des manifestants virtuels des slogans auxquels je crois : « pour une gestion et une propriété collective de tous les savoirs » ; « pour un accès à l’information sans contrôle ». « Rares sont les exemples de techniques qui aussitôt découvertes n’aient été, si ce n’est utilisées, du moins essayées. Ainsi, chaque invention contient le meilleur et le pire et cela dans tous les domaines », Jacques Ellul .